Un système de suivi-évaluation-redevabilité pour favoriser les échanges avec l’ensemble des parties prenantes des projets 

 

Suivi et CapiQuand il s’agit de parler d'organisations non gouver-nementales engagées dans la mise en place d’actions durables, il est également essentiel de mettre en avant le devoir qu’ont celles-ci de rendre régulièrement des comptes à l’ensemble des parties prenantes de chacun de leurs projets.

Les ONG jouent, aujourd’hui encore, un rôle important dans le développement et le bien-être des communautés haïtiennes. Il est toutefois primordial de s'assurer en permanence que leurs actions répondent aux attentes fixées et surtout aux besoins réels des personnes qu'elles servent.  

Dans ce domaine-là, beaucoup d’ONG en Haïti ont été, par le passé, très critiquées pour leur manque de transparence et d'implication des communautés locales dans la planification et la mise en œuvre des projets. Il est indéniable que certaines d’entre elles ont parfois agi de manière paternaliste, en imposant des solutions préconçues sans réellement consulter ni impliquer les bénéficiaires locaux. Ceci a régulièrement conduit à des initiatives inefficaces, voire contre-productives, complètement à l’opposé des besoins des Haïtiens et Haïtiennes. 

Par son statut d’ONG locale et sa stratégie de renforcement des acteurs et actrices de la région, ADEMA s’appuie sur des problématiques directement identifiées par la population et réellement observées sur le terrain pour définir sa stratégie. En étant constamment proche de ses bénéficiaires, ADEMA met toutes les chances de son côté pour que les projets qu’elle initie et pour lesquels elle recherche un financement soient porteurs de sens pour le bas Nord-Ouest d’Haïti. Toutefois, dès qu'un projet est lancé, il est essentiel de poursuivre les efforts de dialogue avec l’ensemble des acteurs et actrices et de vérifier que les actions entreprises aient véritablement le résultat escompté. Cette démarche est complexe, exige du temps et des ressources financières et humaines.

Des mécanismes et outils de suivi et d’évaluation efficaces doivent également être mis en place pour monitorer et mesurer les impacts réels des activités.  

Avec la nomination récente d’un Responsable suivi-évaluation et la venue d’un volontaire suisse pour l’épauler, ADEMA se donne aujourd’hui les moyens de s’améliorer dans un domaine qui n’était pas véritablement son point fort jusqu’à présent. Une meilleure gestion des données au sein d’ADEMA devrait permettre, dans le futur, de mieux piloter les projets et d’ajuster rapidement les actions en cas de nécessité. Elle donne en effet l’opportunité aux responsables de programmes d’avoir un état des lieux plus clair sur l’avancée et les impacts des projets. Les informations recueillies serviront également à augmenter le niveau de confiance avec les bailleurs en permettant la rédaction de rapports toujours plus détaillés et pertinents. 

Au-delà des besoins des bailleurs et décideurs, un suivi-évaluation renforcé permettra surtout d’échanger avec les équipes en place et les bénéficiaires des projets sur les résultats obtenus. C’est ce qui se cache derrière le terme de redevabilité, un thème sur lequel devra également travailler ADEMA dans le futur. Il sera ainsi plus aisé de montrer aux principaux et principales intéressé.es la plus-value du travail fourni, de l’implication de chacun et chacune, et de corriger ensemble l’orientation du projet en cas de besoin. Car ne l'oublions pas, les aspects chiffrés sont certes importants, mais il ne s'agit que d'un support et le suivi-évaluation c’est aussi, et surtout, des discussions, une liberté d’expression donnée à toutes les parties prenantes pour s’assurer que les projets en cours restent en adéquation avec les besoins réels des bénéficiaires. 

Raymond Achille

Responsable Suivi-Evaluation pour ADEMA

Jérémie L’Homme

Volontaire Suisse Suivi-Evaluation

Source Pale...Aji.-No 12, page 3